Avril 2013 - Net-potabilité

16-04-2013. Net-potabilité

Le jeudi 11 avril, je participais à une table ronde de l'IREST, intitulée "Le prix du net". Il y était débattu (une fois de plus !) de la neutralité d'Internet, de la gestion du trafic et du financement des réseaux d'accès de nouvelle génération. Interrogé sur le "coût de la net-neutralité", je me suis permis, à l'issue de cet "imposé" de proposer en "libre" un nouveau concept : celui de net-potabilité !

Ici, l'intégrale du texte que j'ai rédigé dans l'après-coup de mon exposé : du côut de la net-neutralité au goût de la net-potabilité.

Ci-dessous, en forme de billet du jour, la conclusion de ce texte, commentant la notion de net-potabilité.

Parler de net-potabilité, plutôt que de net-neutralité, me paraît revêtir l’immense mérite d’atténuer le caractère d’absolu et de perfection que connote le terme de « neutralité », en évoquant parfaite égalité, parfaite uniformité, parfaite homogénéité… Contrairement au concept de neutralité, celui de potabilité n’est pas absolu : il n’est pas nécessaire que son pH soit strictement égal à 7 pour qu’une eau soit déclarée potable : un certain intervalle d’admissibilité est ouvert. Avec la potabilité, une marge d’acceptabilité existe, ainsi que l’a d’ailleurs consacré l’usage courant de l’adjectif « potable », désignant ce qui est correct, ce qui convient raisonnablement, ce qui est utilisable sans nuire à l’efficacité. De même qu’une eau un peu trop dure ou un peu trop douce respecte encore les normes de « l’aqua-potabilité », de même un flux de données un peu trop lent ou un peu trop sporadique pourrait respecter celles d’une net-neutralité judicieusement réinterprétée en « net-potabilité ».

La net-potabilité est par essence imparfaite, car elle traduit un optimum de neutralité sous contraintes, que j’avais précédemment qualifié de « quasi-neutralité » ; l’idée était juste mais l’expression malheureuse, faisant fondre sur moi les foudres de la blogosphère. La net-potabilité est également par essence variable, car elle dépend du contexte réglementaire et technologique : notamment, elle ne peut être exactement la même sur un réseau fixe et sur un réseau mobile, où le partage du spectre radioélectrique impose des contraintes plus fortes

En conclusion, on l’aura compris, à une net-neutralité sans odeur ni saveur, et surtout inatteignable en raison de son illusoire perfection absolutiste, je préfère quant à moi le charme et le goût discrets de la net-potabilité !

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