Décembre 2012 - Vote et orpaillage

4-12-2012. Vote et orpaillage

Demain, nous votons à l'Académie des technologies. Quelle différence existe-t-il entre cette académie et un chercheur d'or ? Réponse : aucune, car la première élit ses membres exactement comme le second trie ses pépites !

Face à un tas de gravier, l'orpailleur commence par repérer les quelques granules qui, au premier coup d'œil, lui paraissent devoir être de prometteuses pépites. Puis, ayant sorti du lot ces joyaux potentiels, il procède à un second examen. En effet, n'aurait-il pas, par erreur, pris un caillou brillant pour de l'or natif ? Ou encore, n'aurait-t-il pas négligé une pépite masquée par des granules de peu d'intérêt ? Alors, un par un et par ordre décroissant de qualité, il réexamine chacun des grains qu'il a présélectionné en le "confrontant" au gravier résiduel. Si son jugement initial est confirmé, il conserve le grain qu'il tient en main. Mais si, par chance, il découvre dans le "rebut" un grain de meilleur aloi, alors il rejette le grain décevant et le remplace par ce nouveau grain. Et ainsi de suite, jusqu'à épuisement des grains préselectionnés.

Lorsqu'elles doivent choisir par vote un petit nombre de lauréats parmi un plus grand nombre de candidats, les asssemblées, pour la plupart, s'arrêtent à la première étape du tri de l'orpailleur. Chaque électeur inscrit sur son bulletin le nom de son candidat préféré et les candidats les mieux placés, à concurrence du nombre de sièges à pourvoir, sont élus. Point final. Or, pour être simple et répandue, cette technique de vote n'en est pas moins assez grossière et potentiellement biaisée ! Imaginons, par exemple, que le candidat arrivé en tête avec 30% des suffrages, et donc premier élu, soit également un candidat que tout le reste de l'assemblée, soit 70% des électeurs, rejette absolument. Serait-ce refléter la volonté collective qu'élire ce candidat très controversé ? Imaginons encore qu'un candidat, placé en deuxième position des préférences individuelles par une très large majorité des membres de l'assemblée, ne recueille, pour cette raison même, presqu'aucune voix. Ne serait-il pas juste et opportun d'offrir une seconde chance à ce "bon" candidat, bien-sûr après avoir élu ceux qui l'éclipsent ? Répondre non à la première question et oui à la seconde, c'est accepter de poursuivre le vote au-delà de l'étape de présélection et d'appliquer la méthode du chercheur d'or : celle de la sélection comparative, qui confronte successivement chacun des candidats présélectionnés au groupe des candidats prééliminés. C'est un peu plus long, cela exige un recours à l'informatique, mais la méthode s'avère beaucoup plus fiable et efficace que la procédure "standard" : à la fois plus fidèle aux préférences vraies des électeurs et plus équitable vis-à-vis des candidats.

Pour en savoir plus sur cette technique de vote, en particulier, et sur la théorie du choix social, en général, cliquez ici !

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