Septembre-Octobre 2013 - Hommage à C. Dumézil

16 octobre 2013. Journée d'hommages à Claude Dumézil

Au cours de la journée d’hommages au psychanalyste Claude Dumézil (mon oncle), organisée le 12 octobre 2013 à l’initiative de son confrère Bernard Brémond, se sont succédé des témoignages émouvants, des tables rondes stimulantes. Claude Dumézil n’a pas laissé indifférent. Il a laissé des traces de son passage, un sillage de sa « ligne d’erre », dans les trois registres qui, selon lui, font un psychanalyste : la pratique clinique, l’engagement institutionnel et l’œuvre intellectuelle. Voici, livrées en vrac, quelques traces de sa trace, quelques bribes d’un jour de mémoire mémorable.

Du « statut » de la psychanalyse…

Malgré un vocabulaire qui pourrait prêter à confusion (clinique, cure, patient, etc.), la psychanalyse n’est pas une thérapie, bien qu’elle induise le plus généralement des effets thérapeutiques. La psychanalyse n’est pas non plus une science, en dépit des abondants écrits des psychanalystes et de leurs constantes tentatives de théorisation. La psychanalyse est de l’ordre du Canada Dry : ni science, ni thérapie, mais avec le goût de l’une et de l’autre. L’écart réside dans la nature de « l’expérience » sous-jacente : une expérience contrôlée et reproductible, du côté de la médecine et de la science ; une expérience imprédictible et singulière, du côté de la psychanalyse. Si la psychanalyse était un savoir, alors ce serait un « savoir sur le truc », selon le mot de Lacan qui, si souvent, illustre le truc dont il parle par le truchement de ce truc lui-même !

… et de sa transmission

Comment transmettre ce qui n’a pas statut de savoir organisé ? Comment former un psychanalyste ? Comment, surtout, garantir qu’un aspirant est devenu un « vrai » psychanalyste, « digne » de la confiance de ses futurs patients ? Un psychanalyste le devient au travers d’une « psychanalyse didactique », à l’issue de laquelle il a quitté la place d’analysant et se juge en capacité d’occuper à son tour celle d’analyste. La procédure dite de « la passe », proposée par Lacan en 1967, dispose que l’analysant, « ne s’autorisant que de lui-même » et au moment de son choix, sélectionne sur une liste deux « passeurs » (eux-mêmes des analysants « agréés » par leur analyste en vue d’exercer cette fonction) ; passeurs qui, auprès d’un jury, témoigneront, pour le compte du passant, de ce qu’il en est de son analyse. Le jury décidera alors de « nommer » (ou non) le passant, Analyste de l’École (AE).

De la passe : procédure et processus

La procédure de la passe fut l’enjeu de vifs débats, et elle l’est encore. Après une dizaine d’années de recul, en 1978, Lacan lui-même a publiquement déclaré : « La passe est un échec ». Un échec ? Sans doute, si on la met en regard de l’objectif que Lacan semble lui avoir initialement assigné : non pas seulement transmettre la psychanalyse, mais encore valider avec une certitude « quasi-scientifique » l’achèvement de la formation d’un psychanalyste. Si la passe n’est pas, et ne peut pas être, cette validation « absolue », cette « labellisation », il reste qu’elle renvoie au processus psychique qui produit l’analyste : en tant que processus, la passe est le passage au public d’une vérité particulière. Or est-il nécessaire, pour faire franchir ce passage, de mettre en place une procédure formelle ? Ne pourrait-on envisager, avec Jeanne Lafont, la « passe sauvage », où l’analysant ne s’autoriserait que de lui-même, et seulement de lui-même, autrement dit sans les « quelques autres » que sont les passeurs et les membres du jury ; de lui-même, avec pour seul point d’appui et pour seule ligne de mire, la référence floue de la « nébuleuse » psychanalytique, évoquée par Jacques-Alain Miller ?

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