Mai-Juin 2014 - Innov & Régul 2.0
28 mai 2014. Innovation & Régulation 2.0
En avant première, voici un article destiné à la prochaine livraison des Cahiers de l'ARCEP, à paraître en juin 2014, où il est question d'un nouveau type de "convergence" : celle entre l'innovation et la régulation !
Ci après, l'intro :
De prime abord, innovation et régulation ne semblent pas devoir faire bon ménage. Poser la question de savoir si on peut et doit réguler l’innovation amène le plus souvent des réponses tranchées et radicalement opposées : les uns, de clamer qu’on ne peut encadrer la créativité sans la brider ; les autres, d’affirmer à l’inverse qu’on ne peut lui laisser libre cours, sans exposer par contrecoup la société à de graves dangers. Ce dualisme des positions présuppose un schéma conceptuel dans lequel l’innovation serait vue comme le comportement incontrôlé d’un animal sauvage et la régulation, comme l’action contraignante d’un dresseur. Ainsi, dans leur manière de percevoir le marché et son environnement social, les « pro-régulation » rêvent de zoos de haute sécurité, tandis que les « anti » refusent en bloc tout ce qui viendrait, selon eux, contrarier les vertus naturelles de la jungle.
Une telle opposition stérile entre adversaires et partisans d’une régulation de l’innovation n’a cependant guère de fondement, à la condition de reconnaître que les processus d’innovation et de régulation, loin d’être figés dans un état de profonde divergence, évoluent au contraire selon une logique de convergence. Parce qu’elles participent ensemble à la dynamique d’un même écosystème socio-économique, de plus en plus complexe et intriqué, l’innovation et la régulation sont en effet aujourd’hui toutes deux en voie d’adopter parallèlement un même modèle de fonctionnement de type ouvert, reposant sur l’échange, la collaboration et le partage. Cette coévolution convergente se traduit par une mise en phase des méthodes : dialogue, coopération, invention collective seront demain l’apanage de la régulation, tout autant que de l’innovation. Dès lors, plus de contradiction frontale entre ces deux vecteurs du développement durable, mais plutôt une fructueuse synergie au service d’un « progrès raisonné, choisi et partagé », selon la belle devise de l’Académie des technologies.