Octobre-Novembre-Décembre 2014

31 décembre 2014. Sotie du nouvel an

La paresse est certes un très vilain défaut et sa sœur siamoise, l'oisiveté, est mère de tous les vices. Mais, qu'on se rassure : au cours de ces dernières semaines de silence électronique, mon esprit n'était point paresseux ni oisif, il était plutôt vagabond. Or le vagabondage est un délit, voilà qui est tout de même plus valorisant qu'un défaut ! Il faudra toutefois encore patienter quelque temps avant que je rédige le fruit de ma sérendipité intellectuelle...

Ce soir de fête, je ne fais que vous livrer une fantaisie de mon double anagrammatique Caruso Celinni, qui saura, je l'espère, réjouir tous les cruciverbistes, avides d'enfin pouvoir décroiser les mots !

« Les mots, ces épées du langage, se croisent puis se décroisent »

Ma sotie de fin d’année s’adresse à tous les cruciverbistes. N’êtes-vous point las du parfait ordonnancement de vos mots croisés quotidiens ? Point impatients d’éjecter les lettres hors de leur geôle grillagée, de leur rendre leur pleine liberté, de les laisser agencer à leur guise le texte qu’elles ne manqueraient pas de vous inspirer ? Alors les « mots décroisés » de Caruso, jeu nouveau, dérivé des mots croisés, est à l’entière mesure de votre inventivité ! À chaque problème de mots croisés, sachez désormais associer une ribambelle de mots décroisés, entremêlés d’autres mots de votre choix, le tout organisé en phrases et formant une attrayante saynète ! La seule contrainte à respecter : incorporer dans votre essai tous les mots solutions de la grille, en suivant l’ordre qui conduit du premier au dernier horizontal, puis du premier au dernier vertical. Hormis les mots imposés et l’ordre obligé, le reste de la composition n’est aucunement contraint.

Essayez seulement et vous verrez par vous-même, l’expérience est pour le moins fascinante : on se sent flotter comme un singe dactylographe étrangement inspiré ; on crée une œuvre quasi-aléatoire à partir d’une matière quasi-déterministe ; on est comme guidé dans la construction d’un petit édifice littéraire cohérent, que l’interdépendance de l’horizontal et du vertical structure secrètement en deux parties ; on détruit l’ordre figé d’une grille pour mieux recréer l’ordre spontané d’un texte original. La destruction se montre bel et bien créatrice : d’une pensée totalement « enclose », chez l’auteur de la grille croisée initiale, émerge en effet peu à peu une pensée librement « éclose », chez l’auteur de la séquence décroisée finale. À la solution unique et certaine des mots croisés de départ, succède, à l’arrivée, le tirage hasardeux d’une combinaison particulière de mots décroisés, parmi bien d’autres possibles, au gré d’une imagination subtilement bridée. L’aventure n’est-elle pas exaltante ?

Et maintenant, il est grand temps de passer de la théorie à la pratique… À titre d’illustration, voici mon propre travail du jour, réalisé à partir de la grille N°54 du Dauphiné Libéré daté du 31 décembre 2014. Le jeu opère en deux actes. Premier acte, les mots croisés ; second acte, les mots décroisés !

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